Retour sur la remise des prix du concours de chefs-d’œuvre 2021
Ouverture de la remise des prix du concours de chefs-d’œuvre par le chancelier Xavier Darcos, président de la Fondation Colbert, dans le salon Bonnefous de l’Institut, en présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse et des Sports, et de David Hélard, Inspecteur Général de l’éducation du sport et de la recherche, responsable du pôle voie professionnelle et apprentissage.
La Fondation Colbert était représentée notamment par Catherine Lavenir, ancienne rectrice de l’Académie de Martinique, membre du Comité d’Orientation de la Fondation Colbert-Institut de France, Bruno Racine, Président du Comité d’Orientation et Louis Gallois, Président d’Honneur du Comité d’Orientation.
Le président du jury, Didier Roux, membre de l’Académie des Sciences et du Conseil d’administration de la Fondation Colbert.
Le Prix « Coup de cœur » a été décerné à Rislène Benmoulai, Charlie Nash et Mathilde Rouzet, élèves de CAP employé de vente spécialisée, CSI Jean Lagarde de Ramonville, académie de Toulouse, « aménagement de la boutique pédagogique ACHATL’HAND ».
Les lauréats ont construit leur chef d’œuvre autour de l’aménagement du magasin d’application de leur établissement. Les élèves ont conçu les transformations nécessaires pour rendre celui-ci accessible aux personnes en situation de handicap mais aussi en capacité de répondre aux exigences du développement durable. Leur entreprise vise un double objectif : d’une part, la mise en œuvre d’un espace professionnel capable d’accueillir du public et, d’autre part, une réflexion autour de la diversité de ce public et de ses besoins. De cette manière, ils ont aussi pu travailler la question du handicap au travers d’un projet résolument inclusif. L’aménagement de cette boutique a permis aussi une plus grande valorisation de l’ensemble de la production des élèves du CSI et donc octroyé une plus grande visibilité au travail de jeunes en situation de handicap.
Le Prix des arts a été décerné à Sophie Herbin, inscrite au CAP option Rentrayeur tapisserie, au Mobilier National, académie de Paris, pour « Prière de ne pas toucher ». Dans le cadre de son CAP, Sophie Herbin a conçu un outil de médiation permettant l’exposition et la valorisation d’une tapisserie, une Verdure à grandes feuilles, des Pays-Bas et datant du XVIe siècle. Ce dispositif, une copie de détail de la tapisserie, permet au public de ne plus seulement apprécier l’œuvre au travers de la seule dimension esthétique mais aussi d’en valoriser l’aspect technique qui est d’habitude peu perceptible. L’outil conçu par Sophie Herbin a permis de resserrer les liens entre le Mobilier national, son département de formation et le musée des Arts Décoratifs à Paris. Il s’inscrit dans une économie plus vaste de protection et de valorisation du patrimoine artistique français.
Le Prix du commerce et des services a été décerné à Amel Antar, Intissâr Azzaoui, Janyce Barbet, Dayana Barna, Yaren Celik, Léane Clemot, Manuela Da Fonte, Ambre Danella, Khélia, Iaboni Léa Delarche, Lucia Maravalhas Sousa, Brigitte Mazaya Ewangui, Maeva Nocentini, Sarah Sandi, Florine Tozkoparan, élèves de la classe de terminale CAP Esthétique-cosmétique-parfumerie du lycée du 1er film, académie de Lyon, « jeu d’évasion parfumé ». Préparé durant une année entière, le chef-d’œuvre a consisté en un « Jeu d’évasion parfumé », organisé dans le lycée au mois de mai 2021. Lors d’un parcours didactique à énigmes, les élèves ont présenté à un large public le parfum sous toutes ses formes (matières, techniques, métier et rôle social) à travers les époques marquantes de sa riche histoire en particulier :
-le commerce avec l’évocation des échanges des matières premières et des parfums (développement des routes commerciales comme celles des Routes de la soie ou celles des Voyages de découverte) ;
-l’artisanat et l’industrie à travers la présentation des techniques de fabrication du parfum (macération antique, distillation médiévale, enfleurage à l’époque moderne, chimie de synthèse dès la fin du 19e siècle). Le tableau historique dédié à l’époque moderne a permis d’évoquer la constitution, sous l’égide de Colbert, d’une véritable filière de Parfumerie française avec, d’une part le développement des grandes plantations à Grasse et, d’autre part avec l’accès à de nouveaux produits exotiques par le biais de la Compagnie des Indes.
Le Prix de l’industrie a été décerné à Loann Aimar, Pierrick Barbé, Stacy Bernière, Samy Colliot, Maxime Dutt, Gabriel Gagean, Aurélien Guénin, Matthis Huguet, Achille Mahieu, Enzo Michel, Dimitri Nomeika, Philibeaux matéo, Talens Paolo, Paco Vilard Sédilleau, Balde Alimou, Bourbal Raphaël, Gassama Karamoko, Muntsch Matthew, Sow Mariama Hanny, Sylla Aboubacar, Tetu Lexy, Thenault Jérémie, Toulema Dramane, Vera Esteban et Walter Yoan, élèves du CAP Ferronnier d’art et du CAP Taille de pierre, lycée Charles Gide d’Uzès, académie de Monpellier, pour la « réalisation d’une statue pour l’Université populaire d’Uzès ». Les CAP ferronnerie d’Art et les CAP taille de pierre du lycée Charles Gide ont reçu une commande de l’Université populaire d’Uzès. Cette dernière leur a demandé de créer une œuvre/sculpture qui symboliserait ses valeurs. Après s’être déplacés à l’Université et avoir rencontré son président, les élèves ont entrepris un parcours de recherche en s’interrogeant sur l’Université et ses valeurs mais aussi sur leurs techniques tant de taille que de ferronnerie et se sont demandé comment ils allaient combiner leurs savoir-faire. Leur entreprise a conduit à la réalisation d’une sculpture livrée au printemps 2021.
Le Prix de l’engagement a été décerné à Camille de Sousa Violente, Ana Gabrielle Ramos Beleza, Tifanny Renké, Vincent Bonhomme et Nicolas la Scala, élèves du CAP agent polyvalent de restauration au Lycée du Parc Saint Jean, Académie de Nice, pour leur chef-d’œuvre intitulé « Cuisine anti-gaspi contre la précarité alimentaire ». Sauver les fruits et légumes qui ne trouvent pas d’acheteurs tout en réconfortant les personnes en grande précarité : c’est la situation problème (défi) relevée par un collectif de cinq élèves de CAP Agent polyvalent de Restauration du Lycée des Métiers du Parc Saint Jean à Toulon (VAR) dans le cadre de la réalisation du chef-d’œuvre.
Sensibilisés au développement durable, ils ont souhaité agir autant sur l’aspect environnemental que sociétal de leur environnement proche avec un double objectif : lutter contre le gaspillage et contre la précarité alimentaires. En effet, l’anti-gaspillage alimentaire est devenu un sujet de société qui mobilise chacun. Dans un premier temps, ils ont choisi de montrer l’exemple au niveau de leur cuisine pédagogique : collecte des déchets alimentaires et mise en place du compostage (octobre 2019), puis découverte de la permaculture (sur le domaine d’un grand chef étoilé) et élaboration de repas « de la terre à l’assiette » pour les usagers du restaurant pédagogique (décembre 2019 et mars 2020). Ensuite en prenant appuis sur une association, ils ont organisé un buffet anti-gaspillage et participé à des maraudes pour proposer des plats chauds à base de restes et invendus de marché. En mars 2021, ils ont réussi à sensibiliser d’autres jeunes de leur établissement en les faisant participer à ces maraudes.
Le Grand Prix a été décerné à Rayan Milia et Shelane Joséphine, élèves au CAP Métiers de la coiffure au Lycée polyvalent Raymond Néris, académie de Martinique, « Le cheveux crépu au fil des âges ». Les élèves du CAP coiffure ont réalisé un chef-d’œuvre autour de la coiffure des cheveux crépus. Ce choix s’inscrit dans une double perspective. Il s’agit d’abord de relever un défi technique dans leur discipline, les cheveux crépus demandant un soin et donc une technique spécifique. Mais, comme le soulignent les élèves, les cheveux crépus ne peuvent être réduit une simple question technique, en particulier en Martinique où ils ont longtemps été un objet de stigmatisation et marginalisation associés à l’histoire de l’esclavage. Afin de lutter contre les préjugés, les élèves se sont plongés dans l’histoire pour y chercher la longue durée et la permanence. Au travers de cette démarche, ils ont pu donner un sens nouveau, une force et importance supplémentaire à leur travail qui répond à un besoin social de reconnaissance et de dignité.